Bonjour à tous,

 

Récemment, David Cage déclarait : "Il y a des gens qui ne veulent pas que le jeu vidéo change". Le créateur et fondateur de Quantic Dream, a l'habitude de piquer le monde vidéoludique au vif, et cette déclaration faite lors d'une interview pour Figaro.fr datant du 20 septembre dernier n'échappe pas à la règle. Si le personnage de David Cage ne laisse personne indifférent, cette déclaration à le mérite de favoriser une réflexion qui sous-tend notre média : Le jeu vidéo est-il en train de se faire recouvrir d'une couche de poussière assez conséquente, en vivant à l'intérieur de canons dont peu de studios osent s'éloigner de peur de subir l'opprobre des joueurs ? Ou alors est-ce simplement un état passager, et l'arrivée des nouvelles consoles va bousculer cet ordre établi pour nous émerveiller encore et encore ? C'est ce que nous allons voir tout de suite.

 

Le jeu vidéo, un domaine cyclique où tout va très vite

 

Le jeu vidéo a approximativement 40 ans. Il a même fêté dignement son demi-siècle d'existence si l'on tient compte des prémices du jeu vidéo, symbolisés principalement par Tennis for Two. Mais ne soyons pas mesquins et ne le vieillissons pas trop vite, ce cher média aux quatre décennies. Et 40 ans, dans l'histoire des médias, c'est extrêmement court ! Le jeu vidéo est le bébé des médias, et il a déjà connu de profondes mutations. De l'arcade dans les cafés au règne sans partage des shoot'em up en passant par la révolution de la 3D sur consoles, pas une décennie n'a échappé à une profonde remise en question de notre manière de jouer. Si aujourd'hui les joueurs se plaignent d'une surabondance de FPS, avec un Call Of Duty annuel ou encore de la sortie annuelle également des plus grandes simulations de sport, il faut se rappeler qu'à une époque pas si lointaine, c'est Street Fighter II avec un suffixe plus débile que le précédent qui appliquait cette cadence. Même s'il faut reconnaître que Capcom nous refait le coup avec Street Fighter IV... Le jeu vidéo suit des phénomènes cycliques et les éditeurs tentent de suivre. Et il en est ainsi dans tous les domaines de la culture. La rentrée littéraire, certains genres de films plus populaires que d'autres... L'être humain construit des jalons dans tous les domaines. C'est aussi simple que cela.

 

Malgré cet état de ronronnement de l'industrie, certains créateurs tentent des choses !

 

David Cage fait partie des gens qui tentent de bousculer les codes du jeu vidéo, c'est un fait. Que l'on apprécie ou non le travail de Quantic Dream, Heavy Rain, Farenheit ou le prochain jeu du studio Beyond : Two Souls, l'approche créative à le mérite d'être différente, en mettant l'accent sur l'impact émotionnel du joueur. Mais David Cage (apprécié par les uns et conspué par les autres) n'est pas le seul créateur à tenter des choses. Eric Viennot avec son expérience trans-média Alt-Minds, a tenté lui aussi de donner une autre dimension au jeu vidéo. Comment ne pas citer les créations de Jenova Chen et de son studio thatgamecompany, dont Journey a été salué par la profession ? Et ce ne sont là que quelques exemples qui démontrent que le jeu vidéo est une forme d'expression à part entière. Le petit truc en plus, c'est que contrairement à un film, une pièce de théâtre ou encore une peinture, le joueur est acteur de l'oeuvre qu'il découvre. Si ce fait entretient la polémique pour GTA V et le "Oh mon dieu, quelle horreur de tuer des gens virtuellement !" c'est aussi sa force. Chaque joueur peut vivre une expérience différente en interagissant avec le jeu. C'est toute la beauté de la chose, finalement.

 

Alors, oui ou non, le jeu vidéo va-t-il mourir à petit feu, coincé dans ses principes ?

 

Bien sûr que non, c'est une évidence. Le jeu vidéo n'a jamais eu autant de formes différentes. Sur console, sur PC, sur supports mobiles, notre média regorge d'expériences différentes à offrir aux joueurs, quelque soit leurs aspirations. En revanche, le médium est arrivé à un tel degré de maturité qu'il est capable d'avoir une certaine forme d'académisme dans son approche et sa conception. Dès qu'un jeu s'identifie à un genre précis et qu'il en respecte les canons et les principes fondamentaux, on peut considérer que le jeu est académique, c'est à dire sans surprise, mais capable de satisfaire les joueurs qui apprécient le genre de jeu auquel le soft appartient. Même s'il faut reconnaître que beaucoup de jeux actuels mixent plusieurs types de jeu dans leur gameplay. En parallèle à cela, des jeux qui portent une idée dans leur conception ou sont l'expression de la vision de l'auteur du jeu vidéo cohabitent avec les jeux académiques pour la curiosité du joueur et l'effervescence du média dans son ensemble. Et c'est aussi une preuve éclatante de la maturité du jeu vidéo à l'heure actuelle.

 

Vidéoludiquement vôtre,

 

Utori